Moulineaux et la Vallée de Seine

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mardi 2 mai 2006

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Le château de Robert le Diable, dont les origines remontent au 11ème siècle, est situé sur la commune de Moulineaux, près de Rouen, en bordure de l’autoroute A13.
Robert le Diable pourrait être un personnage de légende. En effet, très peu de certitudes à ce sujet et en conséquence beaucoup de légendes, de polémiques et de querelles d’historiens.

Petit village de Normandie situé aux portes de l’agglomération rouennaise, Moulineaux offre l’image d’une paisible commune baignée par les eaux calmes d’un fleuve protégé par les contreforts boisées d’un grand couvert forestier. Tel est certainement le sentiment que doit avoir le promeneur venu découvrir les vestiges du château de Robert le Diable. Attiré par cet imaginaire féodal qui lui aura fait quitter l’autoroute, il en profitera aussi pour admirer le splendide panorama sur la boucle de la Seine.

Il terminera certainement sa visite par le monument commémorant le souvenir des combats de la guerre de 1870, avant de repartir en direction du carrefour de la Maison Brûlée, négligeant peut-être un patrimoine dont tous les Moulinais connaissent la richesse. S’il s’était seulement rendu au village, il aurait pu admirer l’ancienne villa gallo-romaine, l’église Saint-Jacques le Majeur, l’ancienne léproserie, des sources ou encore des moulins auxquels la commune doit son nom.

Ce sont ces souvenirs et bien d’autres encore, ces noms et ces lieux, ce passé et cette histoire qui habitent le Château de Robert le Diable et ses environs, et que nous allons tenter de mettre en lumière.

Pour ce faire, nous allons nous attarder sur l’histoire qui habite ce château, quand il a été construit, par qui et pourquoi. Nous verrons également ce qu’il en est actuellement, quel est son régime de protection, et nous démontrerons que les alentours du château ont également un intérêt tant sur le plan culturel que géographique.

samedi 29 avril 2006

Moulineaux

Le château de Robert le Diable est situé sur une colline qui domine la Seine de très haut, et la vue s’y étend sur toute la région rouennaise, ce qui en faisait une situation particulièrement stratégique.

A moitié ruiné, il y a été aménagé un petit musée avec des souvenirs divers ainsi que des scènes reconstituées de l’histoire locale et de la vie au Moyen Age. Il était situé dans la Grande Tour, mais comme nous l’avons déjà vu précédemment, tout disparu pendant les pillages de la seconde guerre mondiale.

Autre bémol : le site est fermé au public depuis 2003, et sa réouverture n’est, pour l’instant, pas encore programmée. On se heurte donc actuellement à une grille fermée avec un écriteau interdisant l’accès au château que l’on ne peut d’ailleurs apercevoir qu’à travers un grillage.

     

Il faut savoir que Moulineaux est une commune appartenant au canton de Grand-Couronne et sa population est d’environ 900 habitants, les « moulinais ». Composé des deux mots « moulin » et « eau », le nom de la commune fait directement référence aux nombreux moulins à eau qui bordaient la petite rivière, longue de quelques centaines de mètres, et qui prenait sa source au pied de la colline pour rejoindre la seine à travers les prairies.

La plus ancienne mention remonte au 11ème siècle sous la forme de « molinelli » signifiant « les petits moulins ». Elle rappelle l’existence de moulins à eau, élevés au Moyen-Age sur les ruisseaux qui traversaient son territoire. Le dernier d’ente eux a disparu au milieu des années soixante. Ces ruisseaux étaient alimentés par de nombreuses sources qui émergent au pied des falaises dans le quartier des Fontaines et le plus important était connu sous le nom de Rivière de Moulineaux.

Des hauteurs du village, on domine à la fois le fleuve et la vallée creusée dans la forêt de la Londe jusqu’à Orival, qui recoupe pratiquement en ligne droite le méandre de Rouen, dont l’amplitude est ici très faible (environ 6 kilomètres).

Un verrou capital donc, puisque c’est à Rouen qu’est jeté le premier pont sur la Seine depuis le littoral. Cette position stratégique a valu à Moulineaux d’être, dès ses origines, un poste militaire.

Les romains s’y installent les premiers au lieu-dit La Maredote. A quelques mètres de là, les ducs de Normandie élèvent tout d’abord une tour de guet, puis une place forte, avec un puits captant les sources du village.

En 1870, en juin 1940, puis en août 1944, Moulineaux est à nouveau le théâtre de violents combats. Tout au long de siècles, la commune partage son activité entre l’exploitation des moulins et celle des prairies. Une laiterie est installée à la Vacherie dès le 16ème siècle. Un port occupait le confluent de la rivière de Moulineaux et de la Seine. Moulins et prairies ont aujourd’hui fait place à la zone d’extension du port de Rouen.

La loi de protection des Monuments naturels et des Sites

Avec la loi du 21 avril 1906 sur les sites, renforcée par celle du 2 mai 1930, cela fait désormais un siècle que l’Etat porte un regard attentionné sur les territoires les plus emblématiques de France.

Protéger c’est : assurer la pérennité d’un patrimoine ; aménager et gérer ce patrimoine sans le dénaturer ; le mettre en valeur. L’Etat s’est engagé dans une politique de protection et de mise en valeur des sites depuis la loi de 1906 sur les sites et monuments naturels « de caractère artistique ». Renforcée par la loi du 2 mai 1930 relative à la protection des monuments naturels et des sites, elle est désormais intégrée dans le code de l’Environnement.

La politique des sites s’articule autour de 4 axes majeurs :

  • - L’analyse et le bilan des sites protégés
  • - La mise en valeur de nouvelles protections de sites
  • - Le contrôle de l’évolution et de la gestion de sites protégés
  • - La communication sur les sites protégés

La DIREN, (DIrection Régionale de l’ENvironnement), met en œuvre la politique des sites et des paysages avec l’appui des services régionaux et départementaux concernés, tout particulièrement le SDAP, (Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine), ainsi que la CSSPP, (Commission Supérieure des Sites Perspectives et Paysages). La DIREN est également aidée par les maires qui sont aussi garants de la protection et de la transmission du patrimoine paysager de la commune.

La loi instaure deux niveaux de protection complémentaires : l’inscription et le classement qui constituent la reconnaissance officielle de la qualité d’un site et la décision de placer son évolution sous le contrôle et la responsabilité de l’Etat.

Les vestiges du château de Robert le Diable sont classés depuis le 5 décembre 1935. Ils sont constitués d’une fosse, un donjon, une chapelle et une enceinte.

L’inscription sur la liste des sites, quant à elle, est une mesure plus souple. Elle constitue une garantie minimale de protection. Elle impose d’informer l’administration de tout projet de travaux de nature à modifier l’aspect du site.

Le Code de l’Environnement (art. L-341-1 à L-341-22) prévoit que peuvent être protégés des espaces particulièrement remarquables, monuments naturels et sites qui présentent un intérêt général du point de vue « artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque ».

La Commission Supérieure des Sites, perspectives et paysages:

Cette commission, présidée par le ministre des sites, est composée de représentants des ministres concernés, de députés, de personnalités qualifiées en matière de protection de sites, du cadre de vie et des sciences de la nature désignées par le ministres chargé des sites. Elle conseille notamment le ministre chargé des sites pour l’élaboration et l’application sur l’ensemble du territoire d’une politique de protection, de conservation et de mise en valeur des monuments naturels, des sites et des paysages urbains et ruraux.

Le classement a pour objectif de préserver un patrimoine. Il impose le maintien des caractères du site ayant justifiés la protection. Les aménagements ne peuvent être acceptés que lorsqu’ils s’intègrent au site sans porter atteinte à ses qualités essentielles.

Le rôle du château

Le château de Moulineaux aurait été construit à l’instigation de Richard Cœur de Lion, pour former avec les Andelys, Radepont et Orival, un système de défense des passages de la Seine et de l’Andelle.

Le château a été édifié vers les 11–12è siècles et contrairement à beaucoup de forteresses normandes, le matériau utilisé n’est pas de la pierre de Caen mais du silex. Vers 1199, Richard Cœur de Lion y fit accomplir des travaux et y séjourna quelques temps.

Il fut également le fondateur de la forteresse château Gaillard ainsi que de son successeur Jean sans Terre.


Richard Coeur de Lion Jean Sans Terre

Ce dernier se réfugia à Moulineaux après avoir assassiné son neveu Arthur de Bretagne, puis fit démanteler le château pensant retarder l’avance de Philippe Auguste, avant de s’enfuir en Angleterre, dans son royaume.

C’est ainsi que les Rois d’Angleterre perdirent la Normandie. Ainsi furent séparées Normandie et Angleterre dont en 1066, Guillaume le Conquérant avait fait, avec la bénédiction du Pape, le Royaume anglo-normand.

Philippe fit relever le château car cette petite place forte servait à contrôler l’entrée de Rouen. En effet, situé sur une colline qui domine la Seine de très haut avec une vue qui s’étend sur toute la région rouennaise, cela en faisait une situation particulièrement.

En 1418 les rouennais croyant, à leur tour, à l’importance stratégique de Moulineaux en sacrifièrent les tours et les firent sauter. A leur avis, il y avait là de quoi empêcher les anglais de se fortifier dans leur conquête de notre province. Ils se trompaient car les Anglais demeurèrent à Rouen de 1418 à 1449.

En 1430-1431, Jeanne d’Arc y fut emprisonnée, et le château fut à nouveau démantelé au 16ème siècle, pour demeurer à l’état de ruines pendant plusieurs siècles, donnant dès lors proie à toutes sortes d’histoires et de légendes, personnes n’osant y habiter. Le château fut en effet sujet à de nombreux pillages, saccages et destructions.

Ainsi nous pouvons dire que la vie quotidienne des Moulinais fut profondément marquée par cette intense vie féodale ou seigneuriale mais les documents conservés ne permettent d’en retracer que les faits les plus marquants. Ainsi lorsque le Château de Robert le Diable fut pris par les anglais en 1365, la plupart des maisons du village furent pillées et incendiées.

A partir du XVème siècle...

A partir du 15ème siècle, le château appartint au domaine royal sans qu’il ne soit possible de déterminer à quelle époque il en sortit. Il fut ensuite possédé par les barons de Mauny qui le portèrent au 17ème siècle à la famille d’Etampes qui le conserva jusqu’en 1832.

Il connut dès lors plusieurs propriétaires successifs avant d’être racheté au début du siècle par Oscar Cosserat dont les héritiers le possèdent encore aujourd’hui.

En véritable mécène, O. Cosserat entreprenait entre 1900 et 1905 de relever les ruines du château de Robert le Diable. Il fit reconstruire sous la direction de Lucien Lefort, architecte des Monuments Historiques, les tours de Bourgtheroulde et de Rouen puis aménagea en 1907 un petit musée dans lequel étaient exposés les vestiges archéologiques exhumés lors des travaux. La seconde guerre mondiale vint le ruiner.

Une maquette en plâtre, réalisée à la fin du 19ème siècle par Jean-Baptiste Foucher, permet de retrouver l’aspect que devait avoir la forteresse au 13ème siècle avec son donjon, ses quatre tours d’angle, ses imposantes murailles courant sur plus d’une soixantaine de mètres et sa chapelle dont le siège fut transféré en 1419 en 1419 dans l’Eglise Saint-Jacques le Majeur.

Au début du 20ème siècle, les romantiques allemands réalisèrent des gravures représentant les ruines s’élançant par-dessus les broussailles, les ronces, les mûriers sauvages.